POITIERS : LE MUSÉE SAINTE-CROIX VA ABRITER DIX
AMOURS LES PLUS FOUS
LA NOUVELLE RÉPUBLIQUE - MARS 2021
Publié le 08/03/2021 - Marie-Laure Aveline
L’entreprise Bovis, mécène du musée, s’est chargée du déménagement des décors, destinés à créer des
alcôves dans les salles du musée rénovées, entre Quimper et Poitiers.© Photo NR
L’équipe du musée Sainte-Croix de Poitiers brûle d’impatience de dévoiler au grand public sa prochaine grande exposition sur le thème de l’amour fou. Ah… L’amour… Et que dire de l’amour fou ? Un début de réponse sera proposé au musée Sainte-Croix à partir du jeudi 25 mars. Enfin, dans les souhaits les plus ardents de l’équipe du musée, Raphaële Martin-Pigalle en tête.
La conservatrice des collections Beaux-arts - Arts décoratifs du musée travaille depuis près de trois ans sur ce projet :
une coproduction avec le musée des Beaux-Arts de Quimper (1). L’exposition sur le thème « L’Amour fou ? Intimité et
création (1910-1940) » devait initialement être présentée pendant plusieurs semaines dans la ville bretonne. En raison de la crise sanitaire, elle n’a été visible que du 14 octobre au début novembre : trois petites semaines seulement et avec une jauge contrainte.
« La relation est-elle source d’émulation ou de frustration ? »
Un crève-coeur pour les équipes des deux musées qui ont souhaité conserver le calendrier mis en place pour les deux structures. Le report aurait nécessité des démarches trop lourdes à gérer en si peu de temps. « Notre souhait est aussi d’amener de la légèreté, prend plaisir à souligner Raphaële Martin-Pigalle. Le titre de l’exposition fait référence à un ouvrage d’André Breton mais nous avons rajouté sciemment le point d’interrogation. L’objet de cette exposition est de questionner le rapport à la création et à l’intimité en présentant dix couples emblématiques qui ont vécu entre les deux guerres. » Avec un couple fétiche, celui de Camille Claudel et Auguste Rodin, très présent au musée Sainte-Croix. « Les dix couples choisis sont avant tout des créateurs ou des artistes. La relation amoureuse est-elle une source d’émulation ou de frustration ? Pour certains, elle est un levier comme dans l’histoire de Jean Cocteau et Jean Marais, ou un moteur, notamment pour Picasso qui s’essoufflait avant de rencontrer Dora Maar. Et dans ce choix, nous avons constaté qu’il n’y a qu’un seul couple avec un enfant, celui de Marc Chagall et Bella. Ces exemples interrogent sur le fait de savoir si on se réalise au travers d’une descendance ou dans la création artistique.
230 oeuvres dévoilées
Les oeuvres seront « mises en scène » dans des alcôves « avec des ambiances particulières ». Raphaële Martin-Pigalle en donne l’eau à la bouche : « La scénographie sera très prégnante. Nous avons voulu que ce soit immersif. Nous présenterons plus de 200 oeuvres qui vont du faire-part de mariage de Paul Éluard et Nusch à la Vénus triste de Brooks.
Nous avons une trentaine de prêteurs, particuliers et institutions. Il y aura une grande variété de supports : peintures,
sculptures, photos, correspondances, masque de la Bête, des manuscrits… avec du son et des images de l’Ina. Et des objets qui ont une histoire méconnue du public comme les très beaux bijoux créés par Elsa Triolet – première femme à recevoir le prix Goncourt –, qu’elle vendait aux maisons de couture pour faire vivre son couple avec Louis Aragon. »
L’amour de l’art, en tout cas, n’est pas près de s’éteindre au musée Sainte-Croix.
Cette exposition a été reportée deux fois en raison de la crise sanitaire. Et « cet ambitieux projet », selon Raphaële
Martin-Pigalle, ne peut aboutir sans l’engagement de multiples partenaires dont la collectivité, les prêteurs, les
équipes des musées, des mécènes (EDF Dalkia et Bovis pour cette exposition).